L'opposant a été tué mercredi 28 février lors de l'assaut donné par l'armée contre le siège de son parti. Si les Ndjamenois vont de nouveau à leurs activités, une profonde inquiétude persiste jusqu'au sein des cercles de pouvoir et chacun s'interroge sur les possibles conséquences sécuritaires et politiques de la mort de l'opposant à dix semaines de l'élection présidentielle.
Plusieurs buldozers étaient au pied d'œuvre vendredi pour démolir le siège du Parti socialiste sans frontières où son président Yaya Dillo a été tué lors de l'assaut donné par l'armée ce mercredi. Au soir, il ne restait plus qu'un champ de ruines. Les camps s'écharpent désormais autour des circonstances de la mort de Yaya Dillo. Le déroulement des événements et les justifications des autorités laissent perplexes certains acteurs politiques et de la société civile, déjà inquiets en vue de la campagne électorale.
Une « exécution à bout portant »
Les soutiens de l'opposant dénoncent pour leur part un assassinat, une « exécution à bout portant » a dit à l'AFP ce vendredi le secrétaire général du parti socialiste sans frontières, Robert Gamb. La version officielle ne satisfait pas non plus Max Kemkoye, du groupe de concertation des acteurs politiques GCAP, une plateforme d'opposition radicale à la transition, politiquement proche de celle de Yaya Dillo.
Hors de la coalition qui soutient Mahamat Idriss Déby à la présidentielle, on s'interroge sur l'usage de la force militaire contre Yaya Dillo. C'est le cas du conseiller national Théophile Bongoro : « Est-ce qu'il faut nécessairement, face à une armée aguerrie et des forces de sécurité rompue à la tâche, que des hommes tombent ? Je pense qu'il y a eu un usage excessif des forces publiques. Est-ce que derrière cela, il n'y avait pas quelque chose de préparé ? C'est la question que je me pose. »
Dans un entretien accordé à RFI, le gouvernement affirme que ce sont les hommes de Yaya Dillo qui ont ouvert le feu et contraint les forces de défense à la riposte. Il assure que s'il s'était rendu, la situation n'aurait pas dégénéré. De son côté, le Premier ministre tchadien Succès Masra a présenté ses « condoléances », « pas seulement à sa famille mais aux familles de toutes les victimes, de tous les côtés. Dans cette affaire, des militaires et des civils sont morts. Je ne sais pas distinguer entre le sang d'un militaire tchadien et d'un civil tchadien. Notre pays a vécu trop de violences. C'est d'ailleurs pourquoi nous avons choisi, nous, de nous engager sur un chemin de réconciliation », a-t-il déclaré au micro de nos confrères de VOA Africa. Le chef du gouvernement, encore récemment opposant, évoque une « zone de turbulence », « une zone de plus, de trop », « mais cela ne doit pas nous dérouter de l'obligation de tout faire pour atterrir en douceur ».
Avec rfi afrique