Par LEDJELY.COMlundi 6 janvier 2025 à 00:33lundi 6 janvier 2025 à 00:35
Le président de la RD Congo devrait se rendre à l’évidence. Les FARDC se révélant incapables d’enrayer la folle progression des rebelles du M23, le président Félix Tshisekedi devrait cesser de jouer au fier et consentir à discuter directement avec le mouvement rebelle soutenu par le Rwanda. Bien sûr, à titre personnel, il y laisserait des plumes en termes d’image. Mais au moins, cela pourrait mettre fin à ce lancinant et meurtrier conflit. Il en résulterait surtout des vies épargnées et des populations n’étant plus obligées d’errer dans la nature à la recherche d’un hypothétique abri et en proie à cette famine déshumanisante. Pour le Congo et les Congolais, ce sacrifice-là serait infiniment plus bénéfique que le débat tout aussi embarrassant qu’inopportun sur le troisième mandat.
Attitude fataliste et résignée
Que faut-il au président congolais pour réaliser toute l’ampleur des risques qu’il fait courir à son pays avec cette attitude fataliste et résignée qu’il adopte face aux rebelles du M23 ? Que lui faudrait-il pour qu’il consente à sortir de son sommeil pour stopper cette fulgurante avancée des rebelles ? A défaut, pourquoi n’admet-il pas la réalité de la supériorité de l’adversaire, pour sortir conséquemment de la surenchère stérile dont ses compatriotes situés dans la région orientale continuent de payer le tribut ? A l’évidence, Félix Tshisekedi se révèle cruellement décevant. Lui dont l’arrivée au pouvoir est entachée de doute mais dont le père, défunt opposant historique, incarnait tant d’espoir, se trouve incapable de garantir l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. Un des plus vastes pays du continent dont le territoire est morcelé et accaparé jour après jour, par le très modeste Rwanda, au gré de la progression des rebelles. La prise de Masisi centre, la capitale administrative du territoire du même nom, étant l’illustration du peu de résistance dont font montre les troupes fidèles à Kinshasa. Ceux-ci n’étant plus qu’à 80 km de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.
Des soldats à l’image de la gestion de la RDC
Dans ce rapport de force qui se révèle largement favorable à la rébellion parrainée par Paul Kagamé, les spécialistes mettent en exergue la défaillance des FARDC. Vieillissante, peu équipée, avec une formation sommaire et sous-payée, l’armée congolaise est notoirement inefficace. Ce qui explique que Tshisekedi et ses stratèges recourent à des mercenaires et à des sociétés de sécurité privées qu’ils entretiennent à coups de millions de dollars. De l’argent dont ils privent les congolais mais qu’ils jettent littéralement par la fenêtre, tant il ne contribue guère à inverser le rapport de force sur la ligne de front. Mais en l’occurrence, c’est faire un mauvais procès aux soldats congolais que de leur reprocher leur inefficacité. Cela étant connu et admis depuis des lustres. Mais le problème congolais est d’ordre politique et de gouvernance. Les défauts imputés à l’armée congolaise sont le reflet de la façon dont le pays est gouverné depuis des années. S’il y a très peu de soldats pour faire face aux menaces ou que ceux qui sont envoyés au front ont tendance à décamper devant l’ennemi, c’est parce que les ressources de cet immense et richissime pays sont concentrées entre les mains d’une minorité de la classe dirigeante dont les membres, confortablement installés dans les fauteuils douillets des salons feutrés de Kinshasa, ne comprennent rien au cri de douleur de la victime qu’on viole ou dont on crève l’œil à l’autre bout du pays. Incarnation à tous points de vue de l’échec de l’Afrique post-indépendance, la RD Congo a eu le malheur d’enfanter des dirigeants se souciant très peu de son sort ou de celui de ses habitants.
Le pouvoir, un objet de jouissance personnelle
Et c’est justement sur ce terrain-là qu’on attendait Tshisekedi comme l’homme d’une certaine rupture. Malheureusement, il se révèle pire que ses prédécesseurs. Définissant le pouvoir davantage comme un objet de jouissance personnelle, il marche sur les traces des dirigeants dont l’Afrique ne tire aucune fierté. Ne se rappelant plus aucune des promesses martiales qu’il a faites durant sa dernière campagne électorale, le président congolais est désormais plus préoccupé par le troisième mandat qu’il espère s’offrir que par le massacre imposé aux Congolais par le M23. Mais le pire, c’est qu’il y a des Congolais qui sont disposés à l’accompagner dans cette hérésie. On serait enclin à leur crier « tant pis pour vous » !
Boubacar Sanso Barry