Moussa Solano, ancien ministre, ancien gouverneur, ancien grand fumeur de « PUP » devant l’Eternel, a passé l’arme à gauche le 26 décembre des suites de maladie. Une luciole significative de l’ancien paysage politique rejoint ainsi le royaume des cieux avec une mine de secrets du système électoral guinéen sauce Fory Coco, les dessous des cartes politiques de la période 2010 à 2015 durant laquelle, il a occupé le poste du président du Parti de l’unité et du progrès (PUP) sevré du Général Fory Coco.
Ceux qui ont connu et vu à l’œuvre le Sol’Agneau au plus fort des crises électorales, se souviendront certainement de ce « super ministre » qui n’aura ménagé aucun effort pour anéantir toutes les peaux de bananes glissées sous ses pieds par les opposants de la Forygouvernance, Alpha Grimpeur, en tête.
Moussa Sol’agneau a été successivement ministre de la Sécurité, ministre de la Ponction publique, Gouverneur des Régions Administratives de Kindia et Labé. De l’avis de ceux qui l’ont côtoyé, c’est comme ministre de l’Administration du trottoir qu’il s’est distingué, de 2001 à 2006. Il est considéré comme le cerveau du reférendrôle constitutionnel de 2001 entérinant la non limitation du nombre de mandats présidentiels et faisant passer ceux-ci de 5 à 7 ans. Et le vote a permis à Fory Coco de fumer les délices du Koudaïsme, la doctrine de maintien infini au pouvoir qui l’a amené à briguer un troisième mandat en 2003.
Tribun hors pair, le Sol’Agneau avait réussi à soutenir et à faire passer les délices amers du Koudaisme au travers des gosiers d’oiseau des plus irréductibles des opposants d’alors. Le proche, le confident de Fory Coco, l’intouchable. Ce qui lui vaut le surnom de super ministre des sélections. Il avait ainsi ravi la vedette à feu Alsény René-la-gomme, l’autre super ministre de l’écurie qu’on disait indécrottable dans l’arithmétique électorale.
Gouverneur des régions administratives de Labé et Kindia, on crédite le Sol’Agneau d’être l’artisan de la construction et de l’amélioration d’infrastructures routières et sociales, la promotion de l’Education. Il aura aussi joué dans son costume de gouverneur des rôles jugés clés dans le maintien de la sécurité et l’ordre public. D’aucuns de ses adeptes disent aussi qu’il a encouragé la décentralisation administrative et insufflé une autonomie remarquable aux régions administratives sous sa tutelle.
Du fumeur au prési du PUP
A la mort de Fory Coco, Moussa Sol’Agneau s’appuie selon ses partisans sur ses atouts d’orateur et son charisme, pour occuper le fauteuil vacant du feu géniteur du PUP. De 2010 à 2015, soutiennent des militants et leaders du parti, il joue un rôle clé dans la structuration et la consolidation du parti après la période dite de transition politique en Guinée. Il se pose en fervent défenseur des valeurs et idéaux prônés par Fory Coco. On lui prête plusieurs initiatives visant à moderniser le parti et améliorer sa visibilité sur la scène politique nationale. Il a travaillé à renforcer les liens avec les autres partis politiques et à promouvoir le dialogue et la coopération.
En 2010, fort, dit-on, de son étoile politique appréciée par les militants, il se porte candidat du parti à la présidentielle. Malheureusement, le PUP qui n’a pu, apparemment survivre à Fory Coco, l’ancien parti au pouvoir, n’a pu engranger un score digne d’un ancien parti au pouvoir. Ce qui donne raison à ses détracteurs pour qui, le parti doit ses victoires à l’appui de l’administration et à celui de l’Etat. Toutefois, cette élection redore le blason du Sol’Agneau. Ça le rajeunit politiquement et ça le replace sur les devants de la scène politique.
Carrière impressionnante, mais…
Entre 2010 et 2015, il œuvré à l’organisation des élections au sein du PUP, à la préparation des candidats du parti aux consultations électorales. Homme d’Etat, homme politique crédité d’un palmarès reluisant. Mais pourquoi feu Moussa Sol’Agneau n’aura pas réussi à atteindre ses ambitions en politique au sein de sa formation politique, clament certains ? Ses détracteurs, s’ils lui reconnaissent une carrière XXL, disent qu’il a été bloqué dans son ascension par des facteurs externes et internes au PUP.
Facteurs externes : La Guinée a enregistré des périodes de turbulences politiques et de transitions difficiles ayant bloqué des opportunités qui s’offraient à certains politiciens comme lui.
Facteurs internes : Des fumeurs de PUP jurent, la main sur le palpitant, qu’au sein de sa propre formation politique, Moussa Sol’Agneau aura fait face à des rivalités et des luttes farouches entravant sa progression, malgré ses atouts. Et comme il n’y a jamais deux sans trois, les modifications controversées de la constitution en 2001 qu’il avait soutenues, ont, selon des opposants, affecté sa popularité et son image. Récemment, dans des émissions de radios privées à forte audience, il n’a cessé de soutenir, l’indispensable alternance politique au sein des partis et de l’Etat. Il est monté au créneau contre la gestion du PUP par ses successeurs, un va-t’en guerre contre des anciens collaborateurs et super puissants du parti, quoi.
Ces prises de position sans équivoque, d’aucuns les considèrent comme «un testament politique», attestent, dit-on, à suffisance que le Sol’Agneau était parfaitement convaincu des défis liés à la consolidation de la démocratie par le biais de l’alternance politique.
Moussa Sol’Agneau sèvre une frange de l’opinion politique guinée-haine qui continuera sans doute à le garder dans les mémoires.
Par Abou Bakr