Le procès des massacres du 28 septembre 2009 se poursuit au tribunal criminel de Dixinn délocalisé à la cour d’appel de Conakry.
Youssouf Touré dit « Jolie » poursuit son témoignage à la barre.
Et, c’est Me Salif Beavogui, l’un des avocats de la défense qui avait la parole depuis la semaine passée qui posait ses questions à l’endroit du témoin Youssouf Touré.
Après cet avocat, c’est le conseil du colonel Abdoulaye Chérif Diaby qui, d’ailleurs, a mis un doute sur la capacité des facultés mentale du témoin, a formulé une demande. Une demande relative à commettre un expert pour examiner l’état de santé mentale du témoin.
« Monsieur le président, j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt depuis le début de la déposition de Monsieur Youssouf concernant les événements du 28 septembre 2009. Les différentes questions qui lui ont été posées, les réponses qu’il a donné, monsieur le président, je m'en vais dire, à ce niveau, par rapport à la défense de colonel Abdoulaye Chérif Diaby, je mets un doute quand à la capacité de ses facultés mentale », introduit-il.
Le président du tribunal Ibrahima Sory 2 Tounkara intervient en ces termes :
« Tout ce que monsieur Touré est en train de dire ici, appartient au tribunal. Si vous avez des suggestions à faire attendez à la phase des plaidoiries. Dans votre plaidoirie, vous aurez tout le temps de dire tout ce que vous avez sur les déclarations du témoin mais, pour le moment, c’est la phase des questions », rappel-t-il.
L’avocat de colonel Abdoulaye Chérif Diaby s’appuie sur les articles 258, 259, 260 et suivants, du code de procédure pénale pour formuler sa demande.
« Avec votre permission, nous estimons pour la défense du colonel Diaby, pour les questions qui pourront être posées à monsieur Touré, je souhaite que cette question technique soit réglée c’est-à-dire, commettre un expert pour connaître l’état de santé mentale de Youssouf Touré pour des raisons très simples. Depuis le début de ses déclarations en passant par des questions réponses, Youssouf Touré ici présent, est en train de vous présenter des incohérences inédites. Des propos sans intérêt, sans vérité et point d’être compris par l’opinion nationale et internationale quant à la véracité de ses propos. Je vous prie respectueusement monsieur le président, d’apprécier cette demande en commettant un expert », a-t-il formulé.
Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara donne la parole aux parties (Ministère public, partie civile) pour réagir face à la demande formulée par le conseil de colonel Abdoulaye Chérif Diaby.
Le ministère public sollicite le rejet pure et simple de la demande qu’il trouve sans objet formulée par l’avocat.
« Nous venons de suivre la demande formulée par le conseil du colonel Abdoulaye Chérif Diaby, relative à l’état mental de Youssouf Touré soit examiner sur les fondements dispositions des articles 258, 259 et 260.
Cette demande est sans objet. Elle est sans objet parce que, comme vous rappelez à tout moment, les questions c’est nous qui les posons mais, les réponses c’est pour le tribunal. Il l’aurait fallu à l’avocat d’attendre lors des plaidoiries pour évoquer ce sujet.
Le témoin qui comparait, n’a à date manifesté aucun signe de démence pour arriver à la conclusion que, c’est un aliéné mental pour lequel votre juridiction devait commettre un expert à l’effet d’examiner son état mental afin, de voir la quintessence de ce qu’il dit par rapport aux faits pour lesquels les accusés comparaissent à la barre de votre tribunal.
Monsieur le président, la conséquence que nous voudrions que vous tirer c’est de rejeter purement et simplement cette demande et vous ordonnez la continuation de la déposition du témoin », a réagit le procureur Algassimou Diallo.
« Je crois que la panique s’est emparée du côté de la défense du colonel Diaby », a poursuivi la partie civile qui souligne que Youssouf Touré n’a jusqu’à là manifesté aucun trouble.
« Mais, qu’à cela ne tienne monsieur le président, l’article qu’il a cité, c’est une faculté, ça, c’est le premier point à relever. Deuxièmement, de notre point de vue Youssouf Touré n’a insulté personne et il ne s’est pas trompé des différentes portes pour accéder dans la salle d’audience. Et, c’est un père de famille. Je pense qu’on est en train de perdre du temps pour parler d’incohérences. Son récit ne contient aucune ambiguïté. Maintenant si ce récit là ambacte la défense de colonel Diaby, cela ne nous intéresse pas.
Cette demande est sans objet, c’est pourquoi nous sollicitons que vous rejetez cette demande », estime Me Amadou DS Bah.
Ainsi, le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a rejeté la demande et demandé la continuation des débats.
Mamadou Djiwo Bah pour guineeTimes.com