Le 18 septembre 2024, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Alpha Bacar Barry, a annoncé le lancement officiel de ParcourSup Guinée, la nouvelle plateforme d'orientation des bacheliers en Guinée, remplaçant l’ancienne plateforme GUPOL. Ce lancement marque un pas important vers la digitalisation de l’éducation, offrant des fonctionnalités modernes, innovantes et sécurisées aux étudiants guinéens.
Lors de cette annonce, le ministre a souligné que ParcourSup Guinée se veut un outil d'accompagnement pour les 20 660 bacheliers de la session 2024, mais aussi pour les non-orientés des sessions 2023 et 2022. Cette nouvelle plateforme devait apporter une gestion plus efficace des inscriptions et des orientations dans les 17 institutions d’enseignement supérieur du pays, tout en facilitant l'accès à des ressources pédagogiques et à des services d'assurance santé.
Des bugs qui perturbent le processus d’orientation
Malgré les promesses d'innovation, de nombreux bacheliers se heurtent à d'importants problèmes techniques. Depuis l'ouverture de la plateforme le 20 septembre, de nombreux étudiants peinent à créer leur compte et à finaliser leurs choix d'orientation, en raison de bugs récurrents et d'un réseau instable.
Amadou Sy, un jeune bachelier, explique sa frustration : « Actuellement, on est sur le choix des orientations, mais je n'ai pas pu finaliser la création de mon compte à cause du réseau instable. Je demande aux autorités de nous aider, sinon certains risquent de ne pas y arriver avant la date limite. » Cette situation s'avère critique, d'autant plus que la date butoir pour effectuer les choix est fixée au 30 septembre.
Fatoumata Sira Baldé, qui a finalement réussi à effectuer ses 15 choix après trois jours d'essais infructueux, témoigne également des difficultés rencontrées : « Les problèmes viennent de la mauvaise qualité du réseau. J'ai dû recommencer plusieurs fois sans succès avant d'y arriver. » Cette situation soulève des questions sur l’efficacité de la plateforme et la capacité de l’État à offrir un service fiable et accessible à tous les bacheliers.
Des critères d’orientation contraignants et des défis d’accessibilité
Outre les problèmes techniques, les étudiants déplorent le fait que leurs choix d'orientation sont restreints par leur moyenne obtenue au baccalauréat, ce qui limite leurs chances de s’inscrire dans la filière de leur choix. Fatoumata Sira confie : « Je voulais faire des études en communication, mais ma moyenne ne me le permet pas. Je demande à l'État de laisser les gens choisir ce qu'ils veulent ou de trouver un moyen de négociation. »
Abdoulaye Sow, président du Parcoursup à Labé, a également souligné d'autres problèmes liés à l'utilisation de la plateforme. « Beaucoup de bacheliers ne connaissent pas leur e-mail, et pourtant le mot de passe pour la création du compte est envoyé par ce biais. Il y a aussi des erreurs lors du remplissage des informations, car les étudiants ne respectent pas l'exactitude des données inscrites sur leurs cartes d'identité. »
Un bilan mitigé malgré des inscriptions en hausse
Selon une publication du ministère de l’Enseignement supérieur sur leur page Facebook, 14 850 inscriptions ont déjà été enregistrées, dont 11 939 qui ont complété l’ensemble de la procédure. Pourtant, les témoignages de bacheliers de toutes les régions du pays montrent que les problèmes de bugs persistent et entravent considérablement leur accès à la plateforme. Cette contradiction pose la question de la fiabilité des chiffres annoncés et de la véritable portée de la digitalisation de l’éducation en Guinée.
Le choix de la sous-traitance en question
Il est également important de noter que la plateforme ParcourSup Guinée a été développée par une startup guinéenne en sous-traitance avec une entreprise canadienne, ce qui suscite des interrogations. Beaucoup d'experts locaux estiment que des compétences guinéennes, disponibles et moins coûteuses, auraient pu être mises à contribution, permettant ainsi une meilleure réactivité face aux problèmes de bugs.
ParcourSup Guinée, malgré ses ambitions d'apporter une modernisation bienvenue dans le système éducatif guinéen, fait face à des obstacles majeurs en raison de problèmes techniques et de la rigidité des critères d'orientation. Si les autorités ne prennent pas rapidement des mesures pour corriger ces dysfonctionnements, de nombreux bacheliers risquent de ne pas pouvoir finaliser leur inscription avant la date butoir, compromettant ainsi leur avenir académique.
Pour que la digitalisation de l’éducation en Guinée soit une véritable réussite, il est impératif d’offrir un service fiable, accessible et flexible, en tenant compte des réalités et des besoins des étudiants. La modernisation du système éducatif guinéen doit passer par une amélioration de l'infrastructure technique et par l'implication de toutes les compétences locales disponibles pour garantir un accès équitable à l’éducation pour tous.
Source : foutakamen, guineenews, MESRSI