Face à la recrudescence des cas de viol, de l’excision et de violences conjugales en République de Guinée, Yaya Kairaba Kaba, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, a exprimé son indignation et appelé à une rupture définitive avec les comportements tolérants envers ces crimes.
Lors d’une déclaration marquée par une ferme volonté de changement, le ministre a souligné l’urgence d’appliquer rigoureusement les lois en vigueur, s’éloignant des influences religieuses, sociales ou politiques. « Que le comportement change, que la peur change de camp, que le silence soit rompu. Je suis bien placé pour parler des cas de viols sur petite fille. Le cas des excisions aussi. Depuis une trentaine d’années, on ne fait que de la sensibilisation. Je crois qu’aujourd’hui il est temps d’appliquer les textes en vigueur », a-t-il affirmé avec gravité.
Les statistiques alarmantes de l’Office de Protection du Genre et des Mœurs (Oprogem) dressent un tableau sombre de la situation : entre janvier et septembre 2024, 159 cas de viols, 12 mariages forcés d’enfants et 100 cas de violences conjugales ont été enregistrés. Ces chiffres, bien qu’impressionnants, ne reflètent probablement qu’une partie des réalités, en raison du silence et de la stigmatisation qui entourent encore ces crimes.
Le ministre a également appelé à une transformation des mentalités et à une justice indépendante. « Il est temps que la justice s’éloigne des influences, quelles qu’elles soient, pour appliquer la loi dans toute sa vigueur », a-t-il insisté, soulignant que la seule sensibilisation, bien qu’importante, ne suffit plus face à l’ampleur des défis.
La Guinée, comme de nombreux autres pays, se trouve à un tournant décisif dans sa lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Les attentes sont grandes, et les autorités sont appelées à traduire leurs engagements en actes concrets, pour que les victimes puissent enfin espérer une véritable justice.
En parallèle, des associations et organisations de la société civile continuent de plaider pour un renforcement de l’accompagnement des victimes et des campagnes de sensibilisation plus ciblées. Cependant, tous s’accordent sur un point: sans l’application stricte des lois, les violences continueront de proliférer dans l’impunité.
Les propos de Yaya Kairaba Kaba résonnent comme un appel à un changement systémique, essentiel pour bâtir une société plus juste et protectrice pour les plus vulnérables.
Thierno Amadou Diallo