La Guinée est sans gouvernement depuis le lundi 19 février 2024 au soir. L’équipe du Premier ministre, Bernard Goumou, a été dissoute par un décret du président de la transition, Mamadi Doumbouya.
Hier, le 20 février, le porte-parole de la présidence a commencé à donner les raisons de cette décision : « Il a été constaté, a-t-il déclaré, qu’il fallait redonner un nouveau souffle » à l’action du gouvernement. La dissolution est en tout cas saluée par une partie des Guinéens, alors que le pays est plongé dans une grave crise sociale et politique.
Il y a les optimistes, déçus par l’action du gouvernement en place en Guinée depuis deux ans et qui voulaient un changement. Moussa Kouyaté, 25 ans, vendeur de chaussures, en fait partie: «Pour le moment, le président a fait le bon choix. Vu que ça ne va pas, même pas du tout dans le pays et dans tous les secteurs, ça ne va pas, on peut le dire.»
Coupures d’électricité récurrentes, hausse des prix, les motifs de mécontentement sont nombreux. Mamadou Lamarana Diallo est plus critique. Ce comptable s’interroge sur l’utilité des mesures conservatoires décidées contre les ministres: «Retrait des passeports, congeler tout ceci… Mais on se pose la question, in fine, ça rapporte quoi à la population? Tout ça, c’est entre eux. Mais nous, citoyens lambdas, ça nous rapporte quoi? Ils ont changé un gouvernement, est-ce que ceux qui viendront ensuite pourront réconcilier le peuple?»
«Petit espoir»
L’autre front pour la junte, ce sont les syndicats qui menacent de déclarer une grève générale. Ils dénoncent les atteintes à la liberté de la presse. Pourtant, Ibrahim Kalil Diallo, le secrétaire général adjoint du syndicat des journalistes, se veut optimiste: «Nous espérons qu’il y aura un climat qui sera favorable à l’émergence de médias libres et indépendants dans notre vie. En tout cas, ce petit espoir là, on l’a». La Guinée est toujours dans l’attente de la nomination d’un nouveau gouvernement.
Avec rfi