Accueil » Culture : le Festival international du djembé, ou le repositionnement culturel de la Guinée
Par LEDJELY.COMvendredi 22 novembre 2024 à 16:18vendredi 22 novembre 2024 à 16:19
Le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, sous la conduite de Moussa Moïse Sylla, a marqué un tournant décisif dans la valorisation de l’identité culturelle guinéenne avec le lancement du Festival international du Djembé. Cet événement, qui succède à la Biennale internationale des percussions, met en lumière les instruments de percussion comme témoins vibrants de l’histoire et des traditions de la Guinée.
Prévu du 4 au 8 décembre 2024, ce rendez-vous réunira la richesse des percussions traditionnelles et modernes avec la participation de 18 pays invités.
Lors de son discours, le ministre a souligné l’importance symbolique du djembé dans toutes les communautés guinéennes. « Ne pas préserver ces instruments de percussion, ne pas les valoriser, c’est perdre une grande partie de notre identité culturelle ». Ces mots traduisent l’urgence de protéger un patrimoine riche mais menacé, où certains instruments disparaissent, faute de transmission des savoirs ancestraux. Le festival se veut un outil puissant pour repositionner la Guinée comme une référence mondiale dans l’univers des percussions.
En effet, les percussions rythment depuis des siècles les moments marquants de la vie des Guinéens, des mariages aux rites funéraires. Aujourd’hui, elles jouent aussi un rôle dans la diplomatie culturelle et la promotion économique. Moussa Moïse Sylla insiste sur la nécessité de transformer cet art en levier de développement. « Ce festival doit créer un écosystème où nos jeunes percussionnistes peuvent rayonner à l’international, attirer des programmateurs de festivals et générer une économie autour de cet héritage », indique-t-il.
Marc Ambroziani, directeur de l’association Nuits Métis et co-organisateur de l’événement, partage cette vision. Passionné de la culture guinéenne depuis 1993, il met en avant le rôle du festival dans la modernisation des musiques traditionnelles. Il explique que l’objectif est d’associer percussions traditionnelles et musiques actuelles, tout en intégrant des artistes du monde entier, venus de France, du Venezuela, de l’Inde et d’Afrique du Sud, entre autres. Cette ouverture témoigne de l’ambition de faire du festival une plateforme internationale.
Au-delà de la musique, le festival ambitionne d’explorer d’autres dimensions de la culture guinéenne. Des expositions d’instruments rares en voie de disparition, des ateliers pédagogiques, ainsi que des spectacles alliant danse et percussion, enrichissent le programme. Une excursion vers les îles, organisée par l’Office national du tourisme, permettra aux festivaliers de découvrir la beauté naturelle de la Guinée.
Le ministre a également évoqué une démarche éco-responsable, avec une campagne de reforestation, en collaboration avec le ministère de l’Environnement, pour compenser l’impact écologique de la fabrication des instruments de percussion.
Ce festival s’inscrit dans une dynamique plus large de valorisation culturelle, soutenue par des réformes juridiques et économiques. Un avant-projet de loi sur le statut de l’artiste et des mécanismes de financement innovants pour les activités culturelles sont en préparation. Moussa Moïse Sylla rappelle que l’objectif est de créer un cadre propice à l’épanouissement des talents locaux.
Le directeur du Festival international du djembé a, quant à lui, mis l’accent sur l’histoire glorieuse des percussions guinéennes. Depuis les années 1990, la Guinée a été un berceau de talents, avec des ensembles comme les Ballets africains et l’ensemble Kotéba. Ces groupes ont porté haut les couleurs de la Guinée sur les scènes internationales, consolidant son rôle de leader dans le domaine des percussions africaines.
Ce festival, au-delà de sa portée artistique, est un hommage vibrant aux aînés et maîtres de percussion, qui ont transmis cet art à travers le monde. Avec ce festival, la Guinée réaffirme sa place comme l’épicentre des percussions africaines et s’impose comme un acteur clé des échanges culturels mondiaux.
Thierno Amadou Diallo