COP 29 : les requêtes de l’Afrique ne passent pas

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LES CHIMPANZÉS DE BOSSOU -GUINEE

Par LEDJELY.COMlundi 25 novembre 2024 à 01:06

Comme il fallait s’y attendre, les délégués africains rentrent, dépités et déçus, de la conférence onusienne sur le climat qui s’est achevée dans la nuit du samedi à dimanche, à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan. Eux qui étaient partis, armés d’une farouche détermination à récolter les financements nécessaires à la transition énergétique et à une meilleure prise en charge des fâcheuses conséquences du dérèglement climatique en Afrique, ont dû abdiquer. Ils sollicitaient 1 300 milliards de dollars par an, ils devront faire avec 300 milliards à l’horizon 2035. Encore que la mise à disposition effective de ce montant demeure hypothèque, vu que les promesses de ce type ne sont pas toujours respectées. Et à supposer que les donateurs veuillent tenir leurs engagements, ce montant sera encore considérablement raboté par l’inflation. C’est dire qu’une fois encore, l’Afrique n’a pas su se faire entendre sur une question pourtant si évidente. Toute chose qui devrait l’inciter à changer d’optique et envisager d’autres solutions à cette problématique qu’elle ne peut cependant pas booter en touche.

COP 29, un échec pour l’Afrique

Il n’y pas que ces modiques 300 milliards que les pays industrialisés, responsables notoires du changement climatique, promettent aux pays en développement qui inclinent l’Afrique à associer la COP 29 à un échec. Il s’y ajoute qu’une partie de ces financements sera allouée sous forme de prêts et non de subvention. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour un continent que certains mettent en garde contre le risque de surendettement. Malheureusement, les délégués africains n’ont pas eu le choix. Vu qu’à un moment donné, on les a soumis à un chantage psychologique face auquel ils ne pouvaient pas grand-chose. Brandissant la menace que l’arrivée de Trump fait peser sur ce débat sur le climat, les négociateurs des pays développés ont mis en garde les représentants africains contre une absence d’accord que le président élu américain ne manquerait pas d’exploiter comme une aubaine. Réalisant alors qu’ils devront faire un choix entre deux maux, les délégués du continent ont dû opter pour celui qui leur paraissait moindre.

Par ailleurs, l’Afrique sollicitait qu’il lui soit accordé un statut spécial, du fait de son rapport singulier au réchauffement de la planète. A savoir qu’elle est de loin la moins responsable du phénomène menaçant, mais que curieusement elle en paie un des plus lourds tributs. Mais là, ce sont plutôt les pays de l’Amérique latine qui ont émis un véto contre cette sollicitation. N’empêche que cet autre refus accentue le sentiment d’échec ave lequel les représentants du continent rejoignent leurs pays respectifs.

La souveraineté, la vraie !

Quoique l’échec de la COP 29, il va falloir très vite l’oublier. Oublier même toutes les rencontres de ce type. Face au phénomène du changement climatique, l’Afrique doit agir avec un autre paradigme. Celui-ci implique que les Africains, mus par une légitime déception du fait du comportement injuste des pays développés, ne cèdent pas pour autant à une attitude tout aussi irresponsable que suicidaire, qui tendrait à faire comme le changement climatique n’existait pas. Tout au contraire, les dirigeants du continent doivent faire montre de volontarisme et de responsabilité face au péril climatique. C’est-à-dire qu’ils doivent considérer celui-ci et les conséquences dramatiques qu’il draine pour ce qu’ils sont, à savoir une réalité tangible et une menace existentielle pour l’Afrique et ses habitants. Et qu’on conséquence, ils mobilisent toutes les énergies internes en vue d’élaborer des stratégies pour y faire face. Ce mécanisme, s’il est bâti de manière à ce que les acteurs sociaux et économiques locaux se sentent librement concernés, permettra de pallier cette image quelque peu avilissante d’un continent africain condamné à implorer la compassion du monde pour faire face au moindre de ses obstacles. C’est en cela que consiste la souveraineté, la vraie. Et non pas celle qui ne sert que de slogan à certains aujourd’hui.

Boubacar Sanso Barry

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