Le 23 novembre 2024, un pêcheur a été porté disparu après la collision entre sa pirogue et un navire minier au large de Samgbo, dans la sous-préfecture de Maférinya. Au-delà de l’émotion suscitée au sein de la communauté de pêcheurs Yacoumbaya, dans la commune de Gbessia, à Conakry, ce drame met en lumière les défis croissants auxquels sont confrontés ces pêcheurs artisanaux, souvent à la merci d’autres acteurs pratiquant des activités en haute mer tels que des navires miniers et de pêche industrielle.
Un choc meurtrier en pleine mer
Selon Aboubacar Camara, capitaine de la pirogue et rescapé de l’accident, tout s’est joué en l’espace de quelques secondes. Alors que son équipage venait de jeter ses filets pour une nouvelle pêche, un navire minier a foncé sur leur embarcation.
« La pirogue, déséquilibrée par les vagues, a été traînée sur une longue distance par le navire avant que celui-ci ne s’arrêtasse. Pendant ce temps, les autres membres de l’équipage s’agrippaient à la pirogue. Quand ils se sont enfin arrêtés, je suis retourné dans la zone, chercher mon frère au risque même de ma vie mais, je n’ai pas pu le retrouver », a témoigné Aboubacar, encore sous le choc.
Peu après l’accident, un appel d’urgence a été passé et une vedette de la préfecture maritime est intervenue pour nous porter assistance, les autorités ont pris en charge les survivants et ont procédé à un interrogatoire, rapporte Aboubacar qui rappelle avoir insisté auprès de l’équipe de secours afin que celle-ci retourne sur les lieux où son frère est tombé. Hélas !
Un drame qui relance les débats sur la sécurité des pêcheurs artisanaux face aux activités industrielles
Après les interrogatoires séparés des équipages, la pirogue et le navire minier ont été tous arraisonnés dans le cadre des enquêtes par les autorités de la préfecture maritime. Aux dernières nouvelles, le dossier aurait été transféré au tribunal de Forécaryah.
Le chef de port par intérim de Yacoumbaya, Aboubacar Khilifili Camara, a confirmé que la pirogue respectait toutes les réglementations en vigueur. « Elle avait un permis de navigation valide et opérait dans une zone de pêche autorisée. Ce drame soulève de graves questions sur la sécurité des pêcheurs artisanaux face aux activités industrielles », explique-t-il.
Quant au bateau mis en cause, il serait un bateau de la société Mont Nimba qui opère dans la zone de Samgbo. « Quand ils sont venus, ils nous ont parlé de beaucoup de sociétés qui opèrent à Samgbo. Mais dans la délégation, les personnes que nous avons vues arboraient des équipements de la société Mont Nimba. Donc pour nous, le bateau en question appartient à la société Mont Nimba ». Confie le responsable du port.
Cet accident tragique est révélateur des risques encourus par les pêcheurs artisanaux. Bien que les pirogues aient des zones de pêche délimitées et que la plupart respectent la réglementation en vigueur, la collision avec ce navire minier soulève des questions sur la sécurité maritime, la responsabilité des grands bateaux industriels et les conditions de navigation en haute mer.