Par LEDJELY.COMlundi 28 octobre 2024 à 12:43lundi 28 octobre 2024 à 12:45
Dans les hauteurs verdoyantes de Dalaba, un site touristique attire chaque année de nombreux visiteurs, curieux de découvrir un pan essentiel de l’histoire de la Guinée : la fameuse case à palabres. Construite en 1936 sous l’impulsion du chef de canton de Dalaba, cette case à quatre portes est bien plus qu’un simple édifice ; elle incarne le symbole de la tradition, de la sagesse collective et de la mémoire politique du Fouta-Djalon. À l’occasion de la saison touristique à Dalaba, nous avons eu l’opportunité de visiter cette case.
Dès l’extérieur, la case à palabres s’impose par son architecture traditionnelle et les symboles gravés sur ses murs de terre. Sa structure unique, faite de terre mélangée à de la bouse de vache et de la paille pour renforcer l’édifice, reflète le savoir-faire artisanal des bâtisseurs de l’époque. À l’intérieur, chaque porte et chaque siège portent une signification précise. Cette case fut jadis le lieu de rencontre des chefs des douze cantons du Fouta, le gouverneur de la Guinée française, les notables ainsi que du cercle du Fouta, où ils se rassemblent pour prendre des décisions cruciales pour leurs communautés.
Guidés par Thierno Mamadou Diallo, un passionné de l’histoire locale, nous découvrons que la case a également été le théâtre de moments historiques tels que les réunions pré-indépendance organisées par les syndicats. « C’est dans cette case que l’une des réunions les plus importantes pour l’indépendance de la Guinée a été tenue. Elle a regroupé, Barry Diawadou, Barry 3, Sékou Touré ainsi que d’autres combattants de l’indépendance de notre pays », indique-t-il. L’intérieur raconte une histoire gravée dans chaque motif, chaque objet, et chaque espace délimité pour les chefs, les gouverneurs et les notables, chacun ayant une place prédéfinie autour de la table centrale.
Notre guide nous explique l’importance de chaque porte et de chaque design : « C’est la porte par laquelle entrait le gouverneur et le commandant de cercle, celle-ci était réservée au chef de canton, et celle-là au chef de village ». Les sièges sculptés, ornés de lions et d’autres animaux, témoignent de la puissance symbolique des lieux. « Ces signes permettaient à chaque représentant de retrouver sa place et d’affirmer son appartenance à ce cercle de décision ».
À chaque endroit stratégique de la case, le mur est décoré de motifs réalisés à la main par des artisans locaux, faisant de cet espace un véritable tableau vivant de l’art traditionnel. Les couleurs de la terre, l’absence de briques, et l’originalité des formes donnent à la case une apparence rustique, mais pleine de dignité.
Aujourd’hui, la case à palabres de Dalaba est un site touristique incontournable pour quiconque souhaite plonger dans l’histoire guinéenne. Elle rappelle l’importance des lieux de dialogue et de réflexion dans les sociétés africaines traditionnelles, où les décisions étaient prises collectivement, avec respect et solennité.
Les visiteurs, qu’ils soient Guinéens ou étrangers, repartent souvent marqués par ce voyage dans le temps, sensibles à la richesse culturelle et historique de ce lieu. Thierno Mamadou Diallo conclut notre visite par ces mots : « Chaque symbole, chaque porte, chaque siège rappelle que la case à palabres est un sanctuaire de la mémoire collective, où se sont forgées les décisions qui ont façonné la Guinée moderne ».
Thierno Amadou Diallo