Alors que le général Mamadi Doumbouya, chef de la
junte guinéenne, n'a pas encore exprimé officiellement son intention de se
présenter à la prochaine élection présidentielle, de nombreux membres de son
entourage l’encouragent à franchir ce pas. Déjà, des acteurs politiques mettent
en garde le chef de la transition contre les conséquences potentielles d’une
telle démarche.
Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (MoDeL), s'adresse directement aux partisans de Mamadi Doumbouya et fait une analogie saisissante : « Défendre une mauvaise cause, c’est comme manger de la nourriture avariée. La personne concernée sait pertinemment qu'elle prend des risques pour sa santé, mais lorsque la gourmandise l'emporte, le cerveau ne réfléchit plus aux conséquences ; c’est l’organisme tout entier qui en pâtit. » Il poursuit en dénonçant certains Guinéens qui, selon lui, sont tellement corrompus par les privilèges et les abus de pouvoir qu’ils ne peuvent éviter de « faire de la diarrhée, du vomissement et du ballonnement sur la place publique ».
Aliou Bah va plus loin en affirmant : « À force d'être opportunistes et malveillants, ils ont perdu tout sens de la raison. Ils ne sont motivés que par les avantages immédiats. En raison de la malédiction et du péché, ils ne peuvent tirer des leçons des erreurs de leurs malheureux prédécesseurs. Et pire encore, pour s'enrichir davantage, leurs courtisans leur font croire qu'ils sont invincibles, voire immortels. C'est cet aveuglement qui les conduit à prendre des décisions erronées, les poussant finalement vers les oubliettes de l'histoire. »
Une mise en garde contre la trahison des idéaux du coup d'État
Face aux rumeurs persistantes d'une potentielle candidature du général Doumbouya à la prochaine présidentielle, Aliou Bah exprime ses préoccupations quant à la volonté du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) de s'accaparer du pouvoir, qualifiant cette démarche de « suicidaire ». Il rappelle que malgré les dispositions claires de la charte de la transition qui interdisent formellement une telle candidature, certains membres de la junte et du gouvernement n'excluent pas la possibilité pour l'actuel président de la transition de participer à l'élection à venir.
Aliou Bah avertit Doumbouya des conséquences potentiellement désastreuses de suivre les conseils de ses partisans, qui pourraient l’entraîner dans une quête effrénée de maintien au pouvoir. Pour lui, il est évident que les dirigeants du CNRD risquent de répéter les erreurs du passé en adoptant les mêmes méthodes que leurs prédécesseurs.
Le danger vient souvent de l'entourage proche
Aliou Bah rappelle au chef de la junte que trahir les objectifs initiaux du coup d'État – à savoir la restauration de la démocratie et la correction des dérives – tout en espérant s’en sortir indemne serait un acte insensé. Il critique sévèrement l'entourage de Mamadi Doumbouya, affirmant que ceux qui le poussent à confisquer le pouvoir ne sont pas ses véritables alliés.
« Les dangers viennent souvent de l'entourage proche, et la loyauté peut être mise à l'épreuve à tout moment de manière inattendue », prévient-il. Concernant les porte-parole du général, Aliou Bah remet en question leur crédibilité et estime qu'ils devraient s'abstenir de parler publiquement, surtout s'ils continuent à mentir et à se ridiculiser.
Un avertissement solennel aux autorités de la transition
Aliou Bah met en garde les autorités de la transition contre toute tentative de violer leur serment, en soulignant que ceux qui cherchent à tromper Dieu et à trahir le peuple devront inévitablement en assumer les conséquences. En attendant que le général Doumbouya prenne officiellement position, Aliou Bah reste fidèle à ses convictions et ne ménage pas ses critiques à l’égard de la situation politique actuelle en Guinée.