La pandémie du nouveau coronavirus, apparue de manière spectaculaire en 2019 – d’où son rattachement à cette année – est toujours là, avec sa comptabilité macabre : 295 M de cas (+2,61 M, au 04 janvier 2022) et 5,46 millions de décès (+8 020 morts). Ce fléau que certains ont tendance à appeler désormais le Mal du siècle traversera sans doute l’année qui commence comme il a déjoué les pronostics (annonçant sa disparition subite) en 2020 et 2021. Si tel est le cas, le monde doit apprendre à «vivre avec». En comptant les vagues (on en est à la cinquième, dans certains pays) et en marquant les variations – les variétés ou mutants – de ce virus qui ne meurt jamais…
A ce jour, cinq variants sont considérés par l’OMS comme «préoccupants». Ceux qui ont d’abord été détectés en Angleterre, en Afrique du Sud puis au Brésil (deux variants y ont été observés dont le P1 classé préoccupant). En octobre 2020, un quatrième variant (Delta) apparu en Inde a fait l’objet d’une attention particulière. Ce pays de 1,3 milliard d’habitants a connu une explosion de cas et est inscrit sur liste rouge par d’autres nations. Fin novembre 2021, c’est le variant Omicron, détecté en Afrique du Sud qui suscitait l’inquiétude partout dans le monde.
Pour faciliter les débats publics sur les mutants du Covid-19, l’OMS a décidé de nommer les variants à l’aide du nom des lettres de l’alphabet grec (alpha, bêta, gamma, delta…), plus accessible à un public non scientifique et qui permet surtout d’éviter de stigmatiser le pays où cette «variété» est initialement découverte.
Après l’euphorie des premiers vaccins anti-Covid-19 et le business florissant qu’elle a rendu possible, le spécialiste international des données de santé IQVIA estime à 157 milliards de dollars US le budget nécessaire aux campagnes de vaccination anti-Covid, d’ici à 2025, pour garantir une immunité de groupe mondiale. Mais à mesure que le temps passe, l’on commence maintenant à craindre un «échec immunitaire» qui fait que la vaccination, à elle seule, ne soit plus suffisante ! L’extinction du virus, de la même manière qu’il est apparu, devient alors une hypothèse à laquelle s’accrochent les milliards d’humains, non-initiés, qui commencent à perdre leur foi en la Science.
La résignation de devoir vivre avec un virus dont le taux réel de létalité, selon les experts de l’OMS, se situe entre 0,5 et 1 % (bien au-dessus de la grippe saisonnière, qui se situe à 0,1 %) est finalement plus supportable que la panique provoquée par l’incidence d’une pandémie à l’origine d’une crise économique multiforme.
Certes, les projections de croissance mondiale pour 2021 (6 %) étaient plus favorables que celles de 2020, mais les nouvelles mutations du virus et le bilan humain qui ne cesse de s’alourdir suscitent des inquiétudes. Un ralentissement de la croissance, à 4,4 % en 2022, selon les estimations du FMI, montre que les perspectives ne dépendent pas seulement de l’issue de la course entre le virus et les vaccins, mais aussi de l’efficacité avec laquelle les mesures économiques mises en œuvre dans un contexte de forte incertitude peuvent limiter les séquelles causées par cette crise sans précédent.
En 2022, la pandémie restera une donne incontournable dans la politique économique mondiale et une sortie de crise à plusieurs vitesses posera encore des problèmes que chaque pays tentera de résoudre avec les moyens dont il dispose.
Par Mohamed Sneïba, Correspondant permanent - Nouakchott